AfficheL’inéluctable

Du Katanga, je connaissais l’histoire agitée de la période postindépendance du « Congo Belge ». Du Katanga, je connaissais aussi des hommes et des femmes qui y vivent ou en sont originaires. Je m’étais laissée dire d’eux la fierté, le courage, la générosité, le sens de l’effort et l’extraordinaire courtoisie. Cependant, rien ne m’avait préparée à ce bouleversement des yeux et du cœur qu’il m’a été donné de vivre.
Difficile de ne pas être émue en découvrant la beauté du Lac Moiro, la majesté de la rivière Lwapula, ou encore l’ effronterie de la nature qui sans cesse renouvelle ses défis visuels. Lumière, décor, atmosphère, énergie, j’ai retrouvé tout ce qui me donne envie de raconter le monde et de le découvrir sans cesse.
Pour moi, la citadine, passer une soirée en compagnie de ces hommes d’exception que sont les pêcheurs de Kashobwe, les voir travailler de nuit, capturer avec mon objectif ces moments inédits, précieux qu’ils ont bien voulu partager avec moi fut un immense cadeau de la vie.
Le temps d’une soirée dans une concession minière avec des ouvriers, d’un parcours au marché de Lubumbashi où les femmes, courageusement, travaillent jusque tard le soir, le temps de quelques rencontres forfuites et ô combien enrichissantes à Kamalondo, le temps que cette province révèle à moi ses facettes insoupçonnées, j’ai compris que je lui serais attachée de façon inéluctable.
Je sais ma chance d’avoir pu faire des photos de nuit au Katanga. Je sais ma chance d’avoir rencontré des personnes extraordinaires qui m ‘ont donné l’envie et la possibilité de balader mon appareil photo à travers la ville de Lubumbashi et dans les villages environnants. Je leur dis ma profonde reconnaissance.  Le travail que je présente n’est pas forcément la reproduction fidèle de ce qui peut être donné immédiatement à voir mais, comme le disait Edgar Degas, c’est « ma manière de voir la forme. » Une forme qui s’est dessinée au fil des prises de vues et me fait aujourd’hui comprendre combien le Katanga s’est inscrit en moi.

BIO-EXPRESS

Osvalde Lewat est originaire du Cameroun. Elle est Diplômée de Sciences-Po Paris. Formée en audiovisuel à l’INIS (Institut National de l’Image et du Son) de Montréal et à la Femis à Paris, elle a été plusieurs fois primée pour ses films documentaires.

Après une première exposition de photographies à Kinshasa intitulée «Marges», la photographe poursuit son exploration de la vie nocturne au Congo à travers sa nouvelle série «Poésie Katangaise».

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