Ces portraits de femmes portant un foulard en pagne, c’est moi et toute autre femme congolaise. Les tableaux veulent mettre en évidence la femme africaine, bien consciente de son identité, sa beauté, sa fierté. Ces œuvres veulent redonner la vraie valeur à cette femme congolaise qui est source de vie, mais qui est souvent stigmatisée, marginalisée et instrumentalisée, malgré sa force, son endurance et sa détermination. À travers mes œuvres elle s’autodétermine, elle se manifeste, oui elle impose son identité. Je. Suis. Femme. Africaine.

J’essaie également de montrer ce que le pagne représente dans mon quotidien en tant que femme congolaise. Pour moi, le choix d’utiliser le pagne n’est en effet pas un choix proprement dit. Pour moi, qui dit « femme congolaise » dit « pagne ». Nos mamans, nos « nkambos » (grands-parents) se sont tellement vite et profondément approprié ce tissu venu d’ailleurs que très vite, d’un simple bout de tissu, le pagne est devenu notre héritage culturel. Ainsi la vue d’un pagne me renvoie les images, les odeurs, les souvenirs et sensations de mon enfance et de ma vie. Dans mes pensées et d’une manière inconsciente ou pas, j’associe toujours l’image d’un pagne à une femme congolaise. Le pagne me donne des repères comme femme congolaise.

Chaque duo de tableaux représente une étape de la vie que j’ai déjà vécue, dans laquelle le pagne m’a souvent accompagné. Il y a 2 femmes qui se regardent, qui se parlent, qui se transmettent des idées et des valeurs, qui se soutiennent mutuellement. À travers les foulards en pagne, j’essaie de transmettre un message, les valeurs et principes que je trouve importants parce qu’ils m’ont aidé à devenir qui je suis aujourd’hui. Je veux promouvoir ces mêmes idées, valeurs, principes parce que je crois qu’ils ne peuvent pas seulement aider ma sœur congolaise, mais aussi la société congolaise en générale.

En parcourant les différents tableaux, étapes de ma vie, l’on peut, j’espère, constater que j’ai pu poursuivre et réaliser mon rêve. Et c’est cela aussi mon rêve de femme : faire rêver les autres femmes pour qu’elles puissent à leur tour poursuivre et réaliser leurs propres rêves.

Jolie NGOY

Jolie Ngoy est née en 1983 à Kalemie. Elle  est  à la fois une couturière et styliste, artisane, artiste autodidacte. Une artiste qui réalise des créations avec le pagne, cette  matière qui l’inspire.  Des œuvres artistiques, des bijoux, tableaux, sacs, housses, doudous, trophées muraux, etc. Elle revalorise les richesses culturelles de son pays par ses créations. Elle explique  «  le pagne n’est pas seulement qu’un simple bout de tissu, mais renvoie les images, les odeurs et les sensations de mon enfance et donc fait partie intégrante de mon héritage culturel et de mon identité. »

Pendant ses études universitaires en langues et affaires, puis, lors de ses premiers pas dans la vie professionnelle au sein des différentes entreprises, à cause de la stigmatisation des métiers de couture, c’est en silence qu’elle vivra son art tandis que son talent ne demande qu’à s’exprimer.

En 2011 qu’elle va créer son atelier « L’aiguille de Jolie », qu’elle fera cohabiter avec une vie professionnelle bien remplie. Mais en 2019, la décision est prise:  elle décide de se focaliser entièrement sur sa passion, encouragée par sa clientèle lushoise et internationale qui fréquente son atelier pour l’originalité et la qualité d son travail.