GEORGES ASANI

Né le 28 avril 1999 au Haut-Katanga en République Démocratique du Congo, Georges Assani issu d’une famille de six enfants, est un artiste peintre et sculpteur.

Diplômé de l’institut des beaux-arts à Lubumbashi, il débute sa carrière en 2019 en tant que peintre indépendant et tire son inspiration de son quotidien ainsi que de citations célèbres. Sa pratique de la peinture se définit dans la représentation des mécanismes de l’esprit. Il s’intéresse particulièrement aux opérations intellectuelles de l’inconscient. Formellement, il intègre deux types d’expression très différents; l’abstraction lyrique et la figuration. Ses œuvres abstraites sont le produit d’un état second durant lequel le subconscient se concrétise visuellement sur la toile. Au moment de peindre, il cherche la spontanéité totale de la création à travers la force créative de l’inconscient, comme les peintres automatistes Paul-Émile Borduas ou Marcelle Ferron.
Quant à ses créations figuratives, elles relèvent d’abord du jeu désintéressé de la pensée qui constitue ses songes. Sa démarche s’inspire des peintres impressionnistes comme Van Gogh, Séraphine Mbeya, mais est également le produit d’une fascination pour le clair-obscur de Rembrandt.

En 2015, il gagne le premier prix d’un grand concours d’art qu’organise la fondation ‘Laurent Moones’ et reçoit une bourse de formation en Belgique à laquelle il ne peut malheureusement pas participer dû à son jeune âge.
Outre la peinture et la sculpture, il fit également une formation en musique classique plus spécialement aux instruments tels que : l’orgue, le piano et la flûte au monastère de Kisuishi Notre Dame Des Sources.
L’ASBL Dialogues accueille pour la première fois son travail à travers une belle exposition solo: VUNDAVUNDA.

Démarche artistique

Tout en reconnaissant ses origines géographiques et culturelles congolaises, Assani ne s’identifie pas comme un « artiste africain ». Il se définit plutôt comme un « artiste d’origine africaine ». En effet, très jeune, sa démarche artistique se démarque et même dépêtrée du conformisme, des chemins battus autour de l’identité culturelle, de l’authenticité congolo-africaine des masques idéogrammes et pictogrammes qui étaient en vogue à l’Académie des Beaux-arts de Lubumbashi.

Assani bascule dans l’art abstrait à sa rencontre avec la peinture abstraite de son pays telle que “Sakofa” de Roger botembe, et de Gérard garouste peintre français, et ausssi de ses quelques visites dans des grands musées ou il rencontre les grands maîtres de l’impressionnisme.  Il développe une passion pour une démarche artistique à la fois pragmatique et phénoménologique qui l’a porté au « métalangage de la peinture » afin de faire jaillir la vérité de l’être dans l’œuvre à travers la couleur. Dans cette dynamique, son œuvre lui permet d’essayer de « transmettre l’universel de l’humanité en tant qu’elles sont un dépôt de significations », « de trouver la vie et de rendre perceptibles ses pulsations » dans ce qu’il appelle le vundavunda, qui signifie “Tourbillon” qui déduit selon lui les « vibrations cosmiques ».

Esprit subtil, de manière perspicace, dans son œuvre, Georges assani lie l’art à la science pour penser et pratiquer la peinture comme une expérience spirituelle et poétique, comme un long itinéraire intérieur qui va de l’inspiration (idée) à la transpiration (exercice physique de réalisation d’une œuvre) à travers les couleurs et les formes qui reflètent un ensemble d’émotions, de sensations, d’états d’âme à l’instar d’une musique instrumentale ou d’un roman alléchant.

Son œuvre cherche à exprimer l’idéal d’un univers éthique et esthétique à travers des émotions chargées d’images, des mouvements, des danses,qui manifestent une tension et une intentionnalité de l’Être et du Temps.

Depuis ses premiers pas d’études académiques, Georges fait de l’art autrement en explorant les territoires de la couleur et ses insoupçonnables déclinaisons. Il faut comprendre sa peinture abstraite comme la résultante de l’extraction des éléments essentiels d’une entité mentale ou physique pour s’approprier l’univers éthique et esthétique du mystère du monde. Dans son génie artistique, Assani a ouvert sa pratique contemporaine à lui-même, de l’art à l’universel, à l’humanisme, au cosmos qui sont concevables par tout homme, quel que soit son milieu d’origine, ainsi qu’il appelle cette façon de penser et panser le monde, le vundavunda.

Dominique Bozo historien d’arts anthropologue et philosophe

VUNDAVUNDA

S’exprimer est une urgence; peindre c’est prendre parole. Qui n’a pas de propos pertinents à tenir ne doit non plus peindre. Questionnements, visages d’espoir et de désespoir, regards pénétrants, cris d’alarme appelant au secours, pensées et ignorance , souffrance et résilience,… Voilà autant de réalités sur lesquelles Georges Assani a décidé de prendre parole.

VUNDAVUNDA est un terme tiré du dialecte swahili qui signifie: « tornade », terme qui définit un mouvement d’air tourbillonnant provoqué par les vents venus des quatre points cardinaux. Il a ainsi appelé sa technique picturale qui représente pour lui un symbole de force et d’unité. L’air est un concept insaisissable mais déterminant pour l’être. C’est dans ce sens qu’il nous lie, nous définit et conditionne notre devenir.

 

Au delà d’une simple représentation des réalités de la société congolaise, Georges va dans un travail de questionnement de ces dernières. Dans sa quête de réponse , Georges recourt à l’observation de la société moderne et de sa perception de la vie. Il interroge certains préjugés et croyances, notamment celle selon laquelle la vie est plus belle ailleurs qu’en Afrique.
Au travers de Vunda Vunda, il veut interpeller ses pairs sur le fait que l’expression selon laquelle « le tam-tam qui résonne au-delà de la montagne a un son plus beau » n’est pas toujours averée et que la beauté de la vie n’est pas forcément dans un eldorado lointain comme on peut se l’imaginer mais bien dans les choses simples telles qu’un regard d’amour, dans la solidarité africaine, dans le travail assidu et surtout dans cet air que nous respirons tous et qui lie nos destins.
La vie est ici .