Tout est dans les 3 mots. Tout en un voulais-je dire, entre autres, beau, vieux et pourquoi pas temps… Ça parle et ça s’explique.
Le beau vieux temps, c’est le choix du thème de mon exposition. La femme, les femmes, source de de mon inspiration pour ce thème bien précis.
Dans les années passées, les dames s’habillaient uniquement en pagne s’il vous plait ! Et les pagnes étaient l’étoffe de valorisation de la femme et plus encore, lors d’une cérémonie de dot, aujourd’hui encore.
J’ai un réel plaisir d’observer une dame vêtue en beau tissu coloré, des pagnes dans un tout et dans son ensemble.
Un tissu appelé communément en langage approprié « Libaya », composé d’un pagne ou deux… Et qui sert de coiffe pour les élégantes, je cite le « Mundule », telque le surnomment affectueusement par les amoureux.
C’est la belle Zaïroise d’hier, la congolaise d’aujourd’hui qui se distinguent encore en tenue « traditionnelle » à quelques rares occasions. J’étais très fier hier de contempler ma mère et ces autres femmes qui continuent de s’offrir le loisir de s’habiller avec de beaux pagnes.

Dans des manifestations, des soirées, les rues de Léopoldville, ces images de naguère, aujourd’hui celles de Kinshasa malheureusement, ne laissent place qu’aux pantalons qui n’honorent pas vraiment la femme congolaise.
D’où, l’idée qui m’a suscité l’habillement d’antan, et l’espoir qu’il nourrit, à travers mes tableaux, et à l’occasion de cette exposition de voir mes compatriotes (dames) s’en inspirer…

Ce qui m’amène également à réfléchir sur la question de la gestion de l’environnement et de l’espace quand toutes les cérémonies aujourd’hui ne s’organisent plus que dans des espaces publics ou privés, à l’inverse d’hier où chaque célébration était l’occasion d’accueillir chez soi, dans sa parcelle.
C’est devenu chose impossible. Nos jolies villes de province sont étouffées par la politique de construction anarchique qui ne tient pas compte ni de l’esthétisme ni des contraintes de l’urbanisation.

Bref, vous observerez sur la plupart de mes tableaux où la femme est très valorisée par la mise en exergue de sa tenue en pagne, qu’elle soit vendeuse, quel que soit le lieu (à la fête, au marché) où elle se trouve, etc.

Plus spécialement les dames sénégalaises qui traînent leurs belles silhouettes dans leurs grands boubous et autres atours.
J’ose croire qu’à travers le thème de mon exposition et les sujets traités dans mes différents tableaux, lesquels seront accueillis, je l’espère, dans vos salons, vos bureaux…vous, nos passionnés d’art, vous contribuerez à sensibiliser sur la restauration des pratiques d’autrefois, l’élégance et les bonnes manières de s’habiller… pour nos dames et jeunes filles afin de préserver nos bonnes mœurs.

Mon propos est une modeste contribution de l’artiste que je suis. C’est aussi ce à quoi servent mes toiles, éduquer et communiquer à ma manière, avec mes couleurs et mes couteaux.

Faisons ensemble revivre le vieux beau temps, en parfaite harmonie avec la modernisation que je respecte.

Technique artistique

La carrière de Félix Makungu a techniquement démarré avec l’aquarelle dont il maîtrise parfaitement la technique. Lors de son passage à l’académie des beaux-arts de Kinshasa, il complètera sa formation auprès du professeur belge Teddy VERWILGHEN. Il passera une année à l’académie de beaux-arts de Lubumbashi où il obtiendra on diplôme d’État en 1979. Il repart à Kinshasa et s’inscrit à l’Institut Supérieur à Kinshasa. Il embrassera la technique de la peinture à l’huile quelques années après. Ce qui explique que sa palette est davantage marquée par l’aquarelle.

Après avoir crayonné sur la toile, il appose la couleur directement plutôt que de travailler un mélange de couleurs. En cela, sa technique est très particulière. Makungu impose sa méthode.
Le couteau est son principal instrument, il façonne l’œuvre, du début jusqu’à la fin de sa conception et réalisation. « Jamais de pinceau, alors jamais… », clame-t-il. C’est un principe, il y déroge peut-être juste pour signer son œuvre. Le couteau est un instrument de travail que l’artiste apprécie particulièrement.

Il dessine, gratte, triture la toile. Sur ses toiles, il aime sentir et visualiser la matière, il cherche comme une fracture sur ses peintures. Et ressentir comme un goût d’inachevé.
C’est tout Makungu.